[WSIS CS-Plenary] Tunisia News - Encore une page noire dans les annales de la
justice
Robert Guerra
rguerra at cpsr.org
Fri Jun 25 23:06:27 BST 2004
http://www.reveiltunisien.org/breve.php3?id_breve=1208
Encore une page noire dans les annales de la justice
mercredi 23 juin 2004
CONSEIL NATIONAL POUR LES LIBERTES EN TUNISIE
Tunis le 23 juin 2004
Encore une page noire dans les annales de la justice
Le procès des internautes de Zarzis où devaient comparaître en état
d'arrestation , Omar Chalandi (22 ans), Hamza mahroug (22 ans), Amor
Rached (22 ans), Abdelgaffar Guisa (22 ans), Ridha bel haj Ibrahim
(37 ans), Aymen Mcharek (22 ans), tous condamnés en première instance
à 19 ans de prison ferme, et qui s'est ouvert le 22 juin devant la
cour d'appel de Tunis, n'a pu se poursuivre parce que les prévenus
n'ont pas été présentés à la cour !
Le collectif de la défense constitué entre autre du bâtonnier Béchir
Essid, de maîtres Raouf Ayadi, Mokhtar Trifi, Radhia Nasraoui, Néjib
Hosni, Mohamed Abbou, Samir Dillou, Samir Ben Amor, Noureddine
Bhiri, choqué par ce refus illégal de l'administration
pénitentiaire, avait exigé de la cour de donner l'ordre de présenter
les prévenus qui se trouvent à 150 mètres du tribunal à la prison
civile du 9 avril, ou alors d'exiger de l'administration
pénitentiaire de motiver l'absence des prévenus à leur procès,
conformément à ses compétences et à ce que prévoit la loi.
Les avocats avaient alerté la cour sur ce refus délibéré de
l'administration qui serait motivé par la présence d'observateurs
étrangers et rappelé à la cour que les prévenus étaient sous son
autorité et qu'elle devrait user de cette autorité pour les amener au
tribunal. Mais le président de la cour Tahar Sliti a levé l'audience
et s'est éclipsé laissant des avocats, dont les demandes étaient
restées sans réponse, consternés. Les familles des détenus avaient
elles aussi crié leurs indignation et demandé quel sort la cour
réserve à leurs enfants. Tard dans la soirée, ils ont appris que le
procès a été reporté au 6 juillet 2004. Quant au procès du jeune
Bourguiba, impliqué dans la même affaire, qui s'est tenu le 23 juin
devant une chambre pour mineurs, il a été reporté au 7 juillet à la
demande de ses avocats.
Ce procès emblématique de l'instrumentalisation par le pouvoir
politique de la lutte contre le terrorisme préoccupe de nombreuses
ONG de droits humains et de liberté d'_expression. En effet, outre la
présence d'observateurs d'ONG tunisiennes (LTDH, CNLT, AISPP), des
observateurs d'ONG internationales étaient présents à ce procès, nous
citons parmi eux, Steve Buckley (World Association of Community Radio
Broadcasters, Article 19, International Freedom of _Expression
eXchange (IFEX), International Press Institute (IPI), World press
freedom committee (WPFC), Canadian journalists for free _expression
(CJFE), Antoine Madelin (FIDH et OMCT), Caroline Stainier (REMDH),
Renaud Cornaud (Comité Aix-marseille pour les libertés en Tunisie),
et Philippe Dieudonné ( Fédération Rhônes-Alpes de la LDH). La World
association of newspapers (WAN) était représentée par maître Ayadi,
Index-on-censorship, par maître Néjib Hosni et Reporters sans
fronrières (RSF) par maître Mohamed Abbou.
Par ailleurs, les familles des prisonniers ont alerté le CNLT sur
les conditions de détention préoccupantes de leurs enfants. Amor
Rached, abdelghaffar Guiza, Amor Chalendli, ont fait l'objet d'une
sanction disciplinaire et transférés à la prison sinistre de Borj el
Amri depuis le 16 juin. De même, la mère de Amor Chendli, venue de
France pour le procès, a été interdite de rendre visite à son fils.
Quant à Abdelghaffar Guiza, il a été jeté au cachot et interdit de
visite pour avoir protesté contre son transfert. Amor Rached a
informé sa famille, qui a pu le visiter, qu'ils entamaient une grève
de la faim illimitée.
Le CNLT considère que la raison de ce report invoquée par le
président Tahar Sliti est hautement révélatrice du degré de
soumission de la justice à la volonté de l'exécutif, puisqu'il
reconnaît qu'il ne peut exercer l'autorité que lui confère la loi en
vue d'amener les prévenus qu'il a convoqués devant la cour qu'il
préside.
Il réitère sa crainte que ces jeunes ne bénéficient pas d'une
justice sereine et d'un procès équitable tel que défini par les
standards internationaux et appelle toutes les ONG nationales et
internationales à une plus grande vigilance concernant l'observation
de ce procès.
Il considère que les faux-fuyants utilisés par les autorités
publiques, en vue d'éviter que ce procès ne se tienne devant des
observateurs internationaux, illustrent largement la volonté de
cacher les violations graves aux droits et libertés dont
l'administration se rend coupable en toute impunité.
Il relève l'instrumentalisation de ce genre de procès par les
autorités publiques dans sa prétendue lutte contre le terrorisme,
suite à la déclaration du ministre de la communication et des
transports, Sadock Rabah, le jour de ce procès, lors de sa conférence
de presse annonçant l'ouverture des travaux de la commission
préparatoire du SMSI à Hammamet : « Pas de tolérance pour l'usage des
nouvelles technologies de l'information, par les terroristes ainsi
que pour l'usage d'Internet pour des opérations terroristes. »
Le CNLT condamne avec la plus grande vigueur l'ingérence de
l'exécutif dans la justice et appelle à la restauration de l'autorité
de l'institution judiciaire.
Pour le Conseil
La porte-parole
Sihem Bensedrine
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