[WSIS CS-Plenary] Re: -> en français -> langue et Digital Solidarity Fund
Hervé Le Crosnier
herve at info.unicaen.fr
Mon Apr 5 21:14:34 BST 2004
djilali benamrane wrote:
> Respect ! Monsieur Fullsack qui fait l'effort
> d'envoyer ses messages en deux voire 3 langues pour
> que les gens puissent suivre et réagir sans parâitre
> des nalphabètes... !
> Au fait ! Es-tu sure que le sieur Le Cronier soit un
> francophone ! ou aurait-il honte de l'être
Bonjour Jean-Louis et Djilali,
Merci de vos remarques.
Je comprends aussi un peu l'espagnol, mais je n'y arrive pas
en allemand, ni en portugais, en coréen, en indhi, en chinois...
aussi suis-je content que certains les locuteurs de ces langues
ne les utilisent pas sur cette liste.
Etre francophone consiste à défendre sa langue,
non pas comme langue impériale, mais dans toutes
les situations pour lesquelles les francophones ont
à se parler entre eux. Cela signifie par exemple
franciser les termes techniques, les conceptions
liées aux nouveaux paradigmes de la société globale...
Etre francophone, consiste aussi à interpréter en
français (avec les mots du français, mais aussi avec les
idées, les espoirs, les références que cette langue
véhicule) les concepts et les débats mondiaux.
C'est ainsi la raison pour laquelle j'ai créé
en 1994 une liste de diffusion pour les bibliothécaires
francophones du monde entier. A l'époque il existait
d'excellentes listes en anglais comme PACS-L... mais
il me semblait juste et nécessaire de créer un équivalent
en français. Je n'ai pas hésité, et j'ai même bataillé
pour faire respecter le français dans tous les messages
de cette liste (BIBLIO-FR), qui a su d'ailleurs devenir
une référence pour les étrangers qui souhaitaient
perfectionner leur approche du français. Désolé de ne
pas être tombé dans l'internet francophone l'année
dernière.
La langue diplomatique a longtemps été le français.
Ce n'est malheureusement plus le cas. Malheureusement,
car cette langue est très précise. Autant je suis francophone
et défenseur de la francophonie, autant je me refuse
à une conception impériale de ma langue maternelle
(qui est aussi ma langue de prédilection). Un linguiste
français a d'ailleurs écrit un excellent livre sur ce
sujet : Claude Hagège - Le français et les siècles
aux Editions Odile Jacob. Je le conseille à tous ceux
qui croient défendre le français quand ils n'ont qu'une
vision d'un "français de pouvoir", souvent bien loin des
réalités du français vivant de la francophonie, qui est
un réseau mondial de locuteurs qui partagent une
espace mental commun (la langue et les signifiés qu'elle
véhicule, donc les émotions, les projets, les inclinaisons...).
Pour lire en français mes idées, vous pouvez vous
connecter sur http://vecam.org qui me fait
l'honneur de publier mes "petits papiers". Vous y verrez que
je maîtrise, autant qu'un élève francophone peut le faire,
la langue de Voltaire comme celle de Queneau ou de San Antonio.
Je m'y amuse et m'y complait.
Mais dans un débat international, le pidgin à base d'anglais que
j'utilise (et que d'autres qui ne sont pas des locuteurs
anglicistes nous font aussi la gentillesse d'utiliser) me
semble un effort nécessire.
Un effort que je n'ai pas le courage de traduire pour cette
réponse... Que les non francophones (les hispanophones,
les lusophones, les malais et les chinois, qui sont tous
bien plus nombreux dans le monde, si ce n'est sur cette liste,
que les francophones) me le pardonnent.
Merci aussi à nos amis coréens de nous faire l'honneur de
traduire en anglais, pour que nous puissions, même avec
difficulté, les suivre, notamment en regard du passionnant
travail qu'ils(elles) mènent sur le droit du travail, la
sécurité et les implications sur la vie privée.
Merci à celles et ceux pour qui le wolof, l'arabe ou l'indhi
sont plus naturelles que le français ou l'anglais dans lequels
ils s'expriment pourtant pour les échanges mondiaux.
Merci enfin de ne pas confondre la qualité des idées et
des débats avec la(les) langues dans lesquelles celui-ci
s'exprime. Les débats sont préparés dans chaque aire
linguistique. Ils arrivent sur une liste comme celle de la
société civile avec un objectif de créer une volonté partagée.
La question linguistique est celle de la traduction a postériori
des textes de référence, des textes consensuels, des textes
élaborés... une liste de débat me semble devoir
être plus largement ouverte à l'impromptu.
La politique et l'élaboration se font dans les langues
vernaculaires. la diplomatie et le consensus s'érigent
dans le sabir le plus équitablement parlé par ceux qui
participent à l'élaboration de ce consensus. Ni langue,
car elle manque de précision et d'émotions, ni totalement
déracinée (comme pourrait l'être l'esperanto), le
méta-langage international, surtout dans une discipline
largement influencée par les termes techniques, comme par
les approches juridiques libérales, comme l'est la
"société de l'information", reste un moyen d'échanger les
grandes lignes. Il reste à chaque langue, à chaque approche
linguistique, émotionnelle et juridique, à dériver (je préfère
ce terme à "traduire") les consensus (et aussi les points
d'achoppement) pour les intégrer à l'univers mental partagé
par ses propres locuteurs.
Ne crispons pas les débats sur la langue, mais adaptons
dans les langues, les situations, les approches, les concepts
et les modèles, le débat mondial pour nos aires linguistiques et
pour une réelle égalité dans le monde.
Cela me semble la mission première de la francophonie quand elle
refuse l'anglais comme langue hégémonique de la pensée et du
droit. La francophonie fait cela en soutenant les politiques
publiques de diversité linguistique et culturelle. Un enjeu qui
est bien loin de la babelisation des débats sur les listes
de diffusion internationales.
Une langue qui sait avoir, dans les mots que chacun hérite de sa
mère et de l'école, de véritables débats ouverts sur le monde
est une langue qui est vivante, inventive, souple et adaptative,
commme le sont les langues véritables. Une telle langue est bien
loin de se trouver en risque dans le concert mondial.
Le français du monde entier, avec ses variations, ses
évolutions, ses capacités à intégrer les mots et les situations
venues de l'anglais, de l'arabe, de l'espagnol... et demain du
chinois, comme la démographie et la croissance économique le
laissent penser... ce français là n'est pas en danger.
Laissez-moi parler et écrire ce français dans les situations de
débats entre francophones, et pardonnez mes efforts certainement
démesurés en regard de la piètre qualité des textes qu'ils
peuvent produire, pour réduire ma pensée à son noyau dur
dans une langue qui m'est étrangère. Une "langue" qui est
d'ailleurs étrangère à tout le monde (ne faites pas croire aux
anglicistes que ce créole, lointain descendant de Shakespeare,
est de l'anglais, ls ne vous suivraient pas). Mais qui permet
de glisser quelques idées simples dans le concert mondial
parce que majoritairement (et non par tous) reçue. Même
si elle est pour la plupart, en tout cas pour moi, plus
difficile à écrire.
L'objectif de la "solidarité numérique" n'est pas que tous
soient obligés de suivre les programmes des langues riches
et majoritaires, même en français, mais bien de construire
partout dans le monde, des capacités de création, de diffusion,
de critique et de débat dans les circonstances adaptées à chaque
environnement culturel et linguistique...
C'est en tout cas ce que j'ai lu dans le texte de la société
civile qui vise à une société "inclusive" de l'information.
Pardonnez-moi cet anglicisme, ce sera mon dernier mot.
Hervé Le Crosnier
Suite du message à l'origine de cette mise au point.
> --- Fullsack Jean-Louis <jlfullsack at wanadoo.fr> wrote:
>
>>Salut Hervé
>>Ecris en français : tu y excelles !
>>Cordialement
>>Jean-Louis Fullsack
>>
>>----- Original Message -----
>>From: "Hervé Le Crosnier" <herve at info.unicaen.fr>
>>To: <plenary at wsis-cs.org>
>>Sent: Monday, April 05, 2004 2:47 PM
>>Subject: Re: [WSIS CS-Plenary] Digital Solidarity
>>Fund
>>
>>
>>
>>>Meryem Marzouki wrote:
>>>
>>>>Hi all,
>>>>
>>>>According to a press wire by AFP, dated April 3
>>
>>(see below, in French),
>>
>>>>a UN agency will be created, called
>>
>>"international agency for digital
>>
>>>>solidarity" to manage this issue. The
>>
>>secretariat would be based in
>>
>>>>Geneva, while main activities will be hosted in
>>
>>Lyon, France. I'm not
>>
>>>>sure AFP is right when they call it a UN agency
>>
>>: it surely takes a lot
>>
>>>>more formal process to create a UN agency. It
>>
>>may very well be an
>>
>>>>international initiative led and managed by
>>
>>local authorities (cities).
>>
>>>>The creation of the agency should be announced
>>
>>in early May in Paris,
>>
>>>>during the congress of the organization named
>>
>>"united cities and local
>>
>>>>governments".
>>>>Meryem
>>>>==========
>>>
>>>Hello,
>>>
>>>Sure it's not a UN agency, but a consequence
>>>of the "Sommet des villes et des pouvoirs locaux
>>
>>dans
>>
>>>la société de l'information" held in Lyon last
>>
>>november.
>>
>>>It means that many actors are on the process to
>>
>>create
>>
>>>a digital solidarity fund. The problem is the one
>>
>>of
>>
>>>the multistakeholder approach for the funding (in
>>
>>the
>>
>>>Wade prposal, only voluntary funding by consumers
>>
>>;
>>
>>>the CS communique about this call for more open
>>
>>solution
>>
>>>including intergouvernemental funding and private
>>>funding from TIC producers).
>>>
>>>The other one is about control of funds. I'm not
>>
>>very well
>>
>>>with the center of such a fund in the North when
>>
>>usage is
>>
>>>on the South.
>>>
>>>Last, we must always remain that any digital
>>
>>solidarity fund
>>
>>>is a transitional solution. Stopping the debt of
>>
>>the South
>>
>>>is much more usefull and efficient. They already
>>
>>fullfill
>>
>>>the debt, and only financial mechanisms allow
>>
>>North to
>>
>>>postpone new debts over the old one.
>>>
>>>Hope this will not be the case for digital
>>
>>solidarity,
>>
>>>with a never ending debt, 'cause gap is not only
>>
>>very
>>
>>>large, but also enlarging every time following
>>
>>innovation
>>
>>>(large bandwidth, électric power... and new usages
>>
>>such
>>
>>>à TV on the net, images and vidéo, music and
>>
>>radio...).
>>
>>>Sorry for my bad english writing.
>>>
>>>Hervé Le Crosnier
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