[WSIS CS-Plenary] Ils sont vraiment formidables

Hervé Le Crosnier herve at info.unicaen.fr
Thu May 19 22:02:41 BST 2005


	Bonjour,

	On ne devrait pas lire toute ces choses ennuyeuses
	qui défilent sur nos écrans. Il y a un moment où l'emphase
	et la prétention finissent par faire exploser
	le rire profond qui sommeille toujours en nous.

	Aujourd'hui est un de ces jours où l'humour n'est
	plus que la dernière sortie, la politesse du
	désespoir.

	Trois articles à se tordre de rire.... jaune.

	D'abord la déclaration sans ambages de la Présidente
	de la Chambre de Commerce Internationale.
	"[La contrefaçon] est le plus grand crime du 21ème siècle"
http://www.iccwbo.org/home/news_archives/2005/ip_op-ed.asp

	Tout ça dans une très sérieuse déclaration du 13 mai.
	Bon, les massacres, les génocides, l'armement, la guerre,
	les tortures, la faim, les maladies provoquées par le
	manque d'accès à l'eau potable, les pandémies, la
	crise écologique et le changement climatique global...
	Foutaises, isn't it ?

	Je croyais avoir touché le fond, mais les lectures drôles,
	quand ça vous tient.... alors j'ai ouvert la
	déclaration de la CCBI (Coordination Committee of
	Business Interlocutors) concernant le SMSI (Sommet
	Mondial sur la Société de l'Information). Tiens,
	eux aussi ils sont époustouflants : "To avoid active
	and passive rejection of new production processes
	associated with ICTs it is important to establish full
	dialogue with workers. Policies that promote labour
	flexibillity should also be adopted in a concerted
	manner".

	Tongue in cheek, comme ont dit outre-atlantique.

	Il faut discuter pour faire adopter les politiques de
	flexibilité, sinon on ne pourra pas le faire, car les
	travailleurs ne vont pas accepter. Pas mal !

	Ainsi donc, loin d'émanciper les travailleurs, de leur
	permettre de travailler moins et dans de meilleures
	conditions, les Technologies de l'Information ne sont
	utiles que pour apporter flexibilité et nouveaux processus
	de production. Dès lors, les gouvernements "should also"
	mettre en place des politiques encadrant ce besoin
	essentiel de flexibilité.

	Au moins, le CCBI ne s'embarrasse pas de précautions
	oratoires sur les internautes du monde qui se donnent
	la main et l'élévation globale de la connaissance et
	des Droits de l'Homme. Avec eux on cause de choses sérieuses.
	Et qui dit nouvelle flexibilité dit aussi formation en continue
	et dès lors : "it further require a profound review of
	education and training system". Tiens, si on passait tout
	ça à la CCBI, qui pourrait discuter avec les travailleurs
	des échanges flexibilité-formation : la flexibilité pour leurs
	profits, et la formation sur le temps de repos des
	travailleurs... Non, y z'oseraient pas ! ça ressemblerait trop
	à la loi de formation continue votée l'an passé en France,
	et beaucoup trop encore au modèle marchand de la
	Formation à Distance en dehors du temps de travail qui se
	développe tout autour de nous.
	Mais c'est un nouveau marché en or Coco, et flexible,
	et mondialement hollywoodien, et en anglais. Faudra t'adapter.
	
	Je me rappelle avoir provoqué des toux nerveuses à Autrans,
	lors d'une rencontre de l'Internet, en pleine époque
	de la "netéconomie", en répondant à Laurent Mauriac de
	Libération qui animait la table-ronde : "la société de
	l'information, c'est avant tout la fin du droit du
	travail". Et bien nous y voilà. Mais, pommade sur la
	blessure, avec tous les moyens de "communication" dont
	on dispose, il reste "la discussion" pour faire accepter
	l'équation inévitable :  TICs = fleTICbilité.

	Et ce n'est pas Laurence Parisot, directrice de l'IFOP,
	et candidate à la Présidence du MEDEF, qui me démentira.
	Pour elle les choses sont simples : "La liberté de penser
	s'arrête là où commence le droit du travail"
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-651122,0.html
	Faudra lui faire rencontrer la CCBI.

	Cette dame, c'est le genre à causer aussi franc que
	Patrick Le Lay, le vendeur de cerveaux en tranches.

	Mais le plus drôle, je vous le garde pour la fin :
	Rien de rien de tout cela ne provoque plus une ride
	sur le lac amer de la résignation. Faut-il que nos
	technologies aient une part d'hypnotisme fabuleuse	
	pour en arriver là ?

Hervé Le Crosnier






More information about the Plenary mailing list